Épilogue

Les nuages passant devant la Lune éclatante créaient un effet de lumière, dans la pénombre de la forêt. Plus aucune étoile scintillait. Plus aucun bruit ne se faisait entendre, comme si la forêt retenait son souffle. Même pas le moindre petit bruissement de feuilles mortes, s'envolant par le vent. Seul se faisaient entendre les pleurs et les gémissements des chats.

« Est-elle morte ?
- Oui, elle l'est, Étoile de Cendre. »

Un chat au pelage noir, les yeux jaunes luisant dans la pénombre, était penché sur le corps d'une chatte tigrée, inerte. Autour d'elle étaient rassemblés plusieurs chats, la tête baissée, attristés par la mort de cette dernière.

« Qui aurait pu, Ambre ? »

La chatte au pelage écaille de tortue resta silencieuse. Elle fixait longuement les blessures de la défunte, encore imprégnées de sang frais. Après avoir réfléchi quelques minutes, ou peut-être seulement quelques secondes, elle finit par répondre, comme certaine :

« Mon frère, sans aucuns doutes. »

Le meneur releva sa tête. La tristesse n'illuminait plus ses yeux, ce fût autre chose. La colère. Le foule de matous se tourna alors vers un seul point, dans le fond de la caverne. Une ombre y était tapie. L'ombre d'un chat sanguinaire. Étoile de Cendre s'approcha lentement de lui, sans même avoir le besoin d'écarter les chats rassemblés autour de l’intéressé. Ambre fût incapable de le rejoindre, quand ce dernier prit la parole.

« Fauconnier, dit-il d'une voix froide et ferme. »

Le chat en question ne releva pas la tête, continuant à fixer le sol rocheux. On semblait entendre le bruit strident de ses griffes plantées dans le sol. Le meneur reprit alors :

« Tu sais ce qu'il te reste à faire, désormais.
- Oui, je sais, répondit-il dans un murmure glaçant le sang. »

Il releva sa tête. On pouvait distinguer un matou au pelage roux foncé et aux épaules musclées. Ce dernier dévoila ses crocs, et en moins de quelques secondes, il bondit sur le matou noir, clouant ses épaules aux sol. Un feulement de rage déchira le silence de la grotte. Le meneur se débattait, mais son adversaire fût plus fort ; il lacéra avec rage son flanc, faisant gicler du sang sur les rochers. Étoile de Cendre l'expulsa tout de même de ses pattes arrières, et essaya de se relever, en vain. Fauconnier avait déjà foncé sur lui, lui percutant violemment le thorax. Il le renversa ainsi au sol. Il plongea furieusement ses crocs dans sa gorge, arrachant un gémissement de douleur à ce dernier. Ambre fût la première a réagir, dans un feulement apeuré :

« Tribu de la Rivière Noire, faites quelques chose ! »

Les matous au début figés par la peur, se ruèrent sur l'assaillant. Mais Fauconnier fût plus rapide. Il lâcha la gorge d’Étoile de Cendre, avant de s'enfuir du camp. Quelques gardes-cavernes partirent à ses trousses. Ambre s'approcha lentement de son chef, avant de lâcher dans un sanglot :

« Il a tué Patte Noire et Étoile de Cendre ! Il a tué notre lieutenante et notre meneur ! »

A suivre.